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Paris Jackson : être, tout simplement


Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean
Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean

Il y a des gens qui vous imposent, au quotidien ou à l'occasion, leur façon d'être. Ils la revendiquent, ils l'affichent, l'exhibent, la ressassent, l'argumentent, l'incrustent dans votre paysage en lui associant une notion de liberté qui n'a d'équivalent qu'un caillou qui se jetterait subitement dans votre chaussure ou le panneau de bois que cloute votre voisin au bout de votre jardin, vous privant d'un peu plus de lumière au nom de sa liberté et de son respect de la vôtre (mais vous n'avez rien demandé)...

(Ouh, elle est longue cette phrase... à la mesure sans doute du voile qui s'est levé devant mes yeux ce soir...)


Alors oui, il y a ces personnes qui, en dépit de leur bonne foi ou de leur bonne composition, font de leur présence toute une histoire, de leur "naturel" assumé ou de leur caractère "brut de décoffrage" une arrogance qu'il vous faut applaudir et accepter, pour leur montrer qu'ils ont raison et que pour être, il faut que cela se voie, que cela s'entende, que cela dénote, que cela dérange ou, enfin, que cela provoque.

"Venez comme vous êtes", dit le slogan, après tout...


Eh bien, je crois que la première personne qui me soit apparue, en conscience, comme venant comme elle était, sans rien annoncer, ni imposer, ni revendiquer, ni expliciter, ni composer, est Paris Jackson.

Vous devez vous dire, comme moi, que l'on pardonne tout à Paris Jackson. Je dirais qu'on a envie de tout lui accorder. On lui accorde l'immense fragilité, l'immédiate hypersensibilité et l'empathie débordante qui se dégagent de sa personne ; on se met en résonance avec ses coups de gueules et revendications sur les réseaux sociaux, qu'on les partage ou pas, et on y réfléchit... Sa ligne de vie est atypique, sinueuse, escarpée, parsemée de gouffres et de remontées à flanc de falaise, à bouts de bras.

Mais quand c'est "autre chose" que l'on rencontre, une autre chose qui donne une couleur et une lumière particulière à la personne dans son ensemble, on se dit que c'est sans doute dans cet espace liminal et insoupçonné que se trouve une part de vérité et de réalité.

Je ne m'attendais à rien tant je ne savais à quoi m'attendre. Je ne savais même pas si j'aurais l'occasion d'attendre quelque chose et encore moins que cette réflexion allait émerger d'une improbable et imprévue rencontre.



Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean
Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean

Paris Jackson pourrait se targuer d'être la fille de... Son nom ne se suffit-il pas à lui-même ? Elle pourrait en faire un tantinet de trop, sans que l'on ait quelque chose de mal à en penser. Se mettre en scène à chaque mouvement, elle qui est presque née sous les projecteurs. Elle pourrait faire de sa voix et de sa musique une banderole, un slogan existentiel, faire de sa personne une problématique identitaire à entrées multiples...

Elle ne fait rien de tout cela.


Paris Jackson est.

Simplement, naturellement, gracieusement, humainement.

Paris Jackson passe et se respire. Elle n'occupe pas l'espace, elle se diffuse dans la pièce avec une discrétion qui n'a d'égale que sa grande beauté. Elle flotte dans l'air, mais elle est bien de chair, les pieds sur terre, les larmes dans les yeux, les cheveux en vrac.


Elle gratte sa guitare, enrobe ses mots de son grain de voix tantôt feutré, tantôt acéré, vous gratifie d'un "fucking" ou d'un "shitty" qui sonnent tout à coup, dans la réalité et plus que sur le papier, doux comme des bruissements d'ailes de licorne...

Elle raconte des choses, ne finit pas toujours ses phrases ou ses chansons, se laisse submerger par les larmes, vous serre dans ses bras, cherche un truc entre 2 couplets, tire sur sa cigarette électronique puis sourit en reprenant son refrain dans un nuage de fumée... C'est comme cela, aussi simple que cela.



Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean
Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean

Loin de Paris Jackson les mises en scène ficelées, les discours préparés, les larmes de crocodile, la nécessité de devoir être, la prétention de devoir faire, le besoin de contrôler et de paraître, de vous imposer tout ce qu'elle fait ou ne fait pas parce que c'est elle ou au nom de je ne sais quelle célébrité.


Paris Jackson est vraie et en cela elle est touchante, vibrante.

Nous l'avons tous (en tous cas beaucoup d'entre nous) vue naître sur les papiers glacés des magazines, il y a 24 ans. Nous l'avons vue grandir, souffrir, beaucoup souffrir... Nous avons eu de l'empathie, nous avons imaginé des choses, nous lui avons, consciemment ou non, taillé un costume, prêté des intentions, construit un personnage au gré de ses frasques potentielles et de ses f*** tweets...

Oublions tout cela et sachons qu'on peut avoir toutes les raisons de s'imposer, de se revendiquer, de s'annoncer, même sur la pointe des pieds, et pour autant, ne pas le faire. Ni par éthique, ni par choix idéologique d'ailleurs. Car tout cela se sent à 10 km. Mais parce que la Vie, sans doute - celle qui vous tanne, qui vous ampute, qui vous piétine parfois, même après vous avoir fait naître dans un berceau doré, paré de dons et de qualités certaines - cette Vie-là donc, pleine et sans concession, vous a enseigné l'urgence de vivre, la furtivité du présent, l'impatience du partage, ici et maintenant. Et que la seule parure qui vaille la peine d'être portée est celle-ci : l'Être.

Être ici, Être maintenant, Être soi, ni d'abord, ni exclusivement. Parce qu'Être nous dépasse et véhicule en nous tout à la fois plus petit et plus grand que notre seule personne et notre seule vie.


Merci Paris, pour cette révélation bien involontaire...

Merci d'être toi, avec tout ce que cela comporte...

We f**** love you


Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean
Paris Jackson, la Maroquinerie, 5 mars 2022, Paris ©Isabelle Petitjean

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